Regard sur l’image

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- La photo, un art victime de ses légendes (2)

,  par Hervé BERNARD dit RVB

- La photographie, un art victime de ses légendes (1)

L’une des controverses la plus ancienne et la plus vivante aujourd’hui est de savoir si la photo est un art ou simplement une mécanique. Comme le montrent les premières photos de l’exposition « Controverses », ce débat nait avec la photographie contrairement au numérique qui se cache derrière sa technicité et la multiplicité de ses auteurs pour éviter cette question. Qualifier la photo d’art pourrait-être l’ultime scandale.

Comment un monde où la tekhné est tout, est tant mise en avant peut simultanément la réduire à néant et prétendre qu’elle n’existe pas ? Comment un monde qui bascule d’une conception de l’art comme vision à une conception de l’art où la tekhné devient le centre du discours comme le cinétisme, l’hyperréalisme (…) le montrent tout en la niant totalement avec des mouvements comme l’action painting pour aboutir à une vision de la photographie qui ne serait que techno-mécanico-chimique. Pour finalement construire une conception de la photographie qui lui dément toute valeur d’originalité en raison de sa technicité tout en lui niant simultanément toute technicité puisqu’il ne suffirait que d’appuyer sur un bouton pour réussir une photo.

Ce double-langage au sens le plus psychanalytique du terme consiste à prétendre que de par sa tekhné, la photo ne serait pas un art tout en lui niant cette tekhné. Cependant, comment se fait-il que le cinéma, même tourné avec une simple caméra DV tout comme l’art numérique échappent à cette question et ne se voient pas contestées leur qualité d’art. Je ne vois qu’une réponse à cette question, le rapport de la photo au réel. Parce que la photo serait sensée reproduire le réel, elle ne serait pas un art. Cette reproduction lui niant toute faculté d’interprétation du réel et toute faculté d’être interprétée par le spectateur.

Pour les tenants de ce discours, la photo comme l’icône orthodoxe représente uniquement ce qu’elle représente : Dieu et ses Saints pour la première et le réel pour la seconde. Avouons que Dieu et c’est Saint, c’est quand même plus prestigieux que le réel. C’est pourquoi la photo est condamnée au réalisme et dans ce cas, ce n’est pas une condamnation par contumace car le couperet est définitivement tombé à moins d’utiliser un discours abscons et obscur pour justifier cette photo ou encore faire du Land-Art ou devrais-je dire du Town-Art comme Sophie Calle.

© Hervé Bernard 2009

- La photographie, un art victime de ses légendes, première partie

 Image et interprétation