Bref retour en arrière pour mieux comprendre le présent. Le 18 décembre 2007 le TGV Bourg-Genève percute un camion. Toute la presse, tous les sites s’empressent de publier des photos de cet accident ou plus étrangement une seule photo : celle du camion déchiqueté et de la rame de TGV parfaitement intact. Étrange, cette rame intacte, pas une trace de l’impact, aucune tôle froissée… Première réaction, un TGV c’est quand même costaud ! Certes, ce train ne circulait pas sur une voie à grande vitesse, il ne roulait donc pas à sa vitesse optimum… Certes la qualité du matériel de la SNCF est vraiment exceptionnelle. Quelques recherches plus tard et quelques conversations avec Jorge Alvarez, un ami photographe, nous constatons que sur le site de La Tribune de Genève et de France-Info, le TGV est lui aussi déchiquetée, pas simplement froissée, la motrice est hors d’usage. Que s’est-il passé ?
Une photo semblait résumer la situation, il était inutile d’en présenter une seconde. Elle présentait bien le camion et le train, donc les deux acteurs de l’accident mais un détail faisait la différence : cette photo montrait l’arrière du train et non l’avant qui était la partie du train en cause dans l’accident… France-Info avait su résumer l’accident en deux photos, un paradoxe une radio qui traite mieux l’image que la presse écrite. La presse écrite pour survivre doit éviter d’imiter la télé mais là c’est la radio qui lui apprend son métier.
Cela nous amène à la semaine de la Presse Magazine organisée la semaine du 14 avril 2008 par son syndicat professionnel. Thématique de la semaine : le consommateur, la segmentation du public, on parle de pub, de lectorats, de segmentation.... mais pas de contenu, jusqu’à preuve du contraire, les lecteurs achètent du contenu. Dans cette absence d’interrogation sur le contenu et son évolution, on peut peut-être trouver une explication à la baisse des achats dans le pays qui est l’un des deux premiers leaders mondiaux du domaine...
Donc, le contenu est un sujet oublié, certes, l’objet de cette semaine est « la promotion de la presse magazine auprès des agences et annonceurs donc le volet publicitaire. A ce titre, lectorats et segmentation font partie de nos thèmes. » pour citer l’un des membres de ce syndicat tandis que le contenu qui est quand même ce qui fait que le lecteur lit et, est donc une cible, est sans importance. A force de ne parler que de son ramage, on finit pas en oublier son plumage et se retrouver un jour plumé sans comprendre la morale de cette histoire…A moins que la presse ne choisisse elle aussi de vendre des minutes de cerveaux disponibles. Dans ce cas, il lui faut assumer son choix et ses conséquences.