Regard sur l’image

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- Prémices de la propagande par l’image

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Au cœur du Moyen-Empire égyptien, Sésostris III (1878 av. J.C.à env 1743 av.J.C.) avec deux statues-portraits et un linteau le représentant dans une attitude sévère et aimable. Ces portraits énigmatiques du pharaon rompent avec les canons traditionnels, et le montrent tantôt sous des traits vigilants, symboles de sagesse, tantôt sous les traits idéaux d’un jeune homme.

A Persépolis, Darius (env. 550 av. J.-C., 486 av. J.-C), l’un des premiers usagers –connus– de l’image comme outil politique, n’utilise pas d’images de châtiments, uniquement des images représentant les ambassadeurs lui offrant des cadeaux.. Selon les historiens, même la représentation de Darius avec un arc ne serait pas un portrait, ne symboliserait pas la violence mais l’équilibre, la justesse et la maîtrise de son pouvoir. Cet aspect n’enlève rien à l’objet de ces images, ce sont des images de propagande. Mais, pendant une longue période, peu d’images de propagande n’utiliseront pas le levier de la peur. Parmi les exceptions notables nous retiendront, pour la France, les campagnes politiques contemporaines comme celles de François Mitterrand ou de Valery Giscard D’Estaing.

L’effigie d’Alexandre le Grand, est le premier usage avéré d’un portrait comme symbole du pouvoir. Si Darius a lui aussi utilisé l’image, il n’a jamais eu recours à son portrait. Ce portrait-symbole du pouvoir est tellement efficace que les successeurs d’Alexandre utiliserons longtemps cette image devenue, entre temps, l’icône du pouvoir perse. Cependant, il en est, tel l’ancien général d’Alexandre, Ptolémée Ier , qui tireront rapidement les leçons de l’expérience de leur chef et frapperont une monnaie représentant non seulement les fameux éléphants d’Alexandre mais aussi eux-mêmes s’accaparant ainsi une partie de sa gloire au profit de leur pouvoir.

Quant à la Rome Antique, la statue d’Octave-Auguste située dans Rome, semble en être le premier spécimen clairement identifié de l’image comme outil de propagande. Cette statue d’un homme puissant, sans arme : il n’a ni glaive, ni javelot et des pieds nus, ne symbolise pas un va-t’en-guerre. Ce “ dépouillement ” permet la réconciliation des républicains et des monarchistes en opérant un savant mélange des symboles des deux camps. En ce sens, cette statue est une image de synthèse.