Regard sur l’image

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- Le mot est image (14)

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Il est bien étrange le destin du nom de la Vierge dans la langue de la fille ainée de l’Église. Si Marie évoque la femme dévouée aux autres et plus particulièrement aux malades et aux abandonnés : orphelins et vieillards ; son prénom est aussi utilisé pour désigner la Marie-Salope, la Marie-Couche-toi-là ou encore la Marie-Jeanne.

La première désigne une fille de mauvaise vie mais aussi la barge dans laquelle se déverse la boue collectée au fond du cours d’eau par la drague qui nettoie ou approfondit le lit d’un fleuve. À la description du rôle de ce navire, on se demande laquelle de ces deux Marie-Salope a précédé l’autre.

Est-ce à dire que notre inconscient ne croit pas en cette virginité ou, que dans ce cas, tout comme pour Alice, nous avons franchi l’envers du miroir et souhaitions ainsi évoquer le revers de la médaille, c’est-à-dire le revers d’une médaille, celle de l’image de la Vierge dont la vierge serait l’avers. À moins que cette double signification ne soit que le reflet de notre encastrement dans le manichéisme catholique.

Quand à la seconde, elle désigne, elle, une femme de mœurs légère. En effet, pour ce qui concerne la Marie-Jeanne, compte-tenu de sa capacité (3 litres), on peut considérer qu’elle avale n’importe quoi d’autant qu’elle est bien souvent confondue avec la Dame Jeanne qui, elle, contient 20 litres.

Nous noterons aussi, en français, son étrange homophonie avec le mari qui, même, si elle est réduite par l’emploi des articles reste quelque chose de prenant. Sans omettre l’expression être marri, c’est-à-dire déçu par quelqu’un qui, si à l’écrit, grâce au doublement du r n’est pas équivoque sauf à lire trop rapidement reste fondamentalement troublant à l’oral. Cependant, le mari est certainement marri de cette homophonie à moins que cela ne soit Marie qui ne soit marrie de cette équivoque.

La racine égyptienne m.r.y (= aimer) semble pourtant crédible, selon wikipedia. Marie désignerait donc bien le rôle qui lui a été dévolue, celui d’aimer tout un chacun, quelque soit son sort.

Quelque soit votre choix en terme de Marie ou de mari, ne vous inquiétez point, je n’en serais, de toute manière, point marri.

PS À noter que ce texte date de 2009 et que les actualités de 2015 donnent une toute autre signification à la chanson de Bécaud.

Une perle découverte sur Yahoo qui vient illustrer cette question du prénom de Marie, une chanson de Gilbert Bécaud : Charlie t’iras pas au Paradis

À moins que vous ne préfériez cette version là