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Regard sur l’image

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- Une question de point de vue

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Interview réalisé par Laurence Beauvais,
SVM Mac n°187, octobre 2006

Hervé Bernard est-il photographe, graphiste ou maquettiste ? « Concepteur d’images, répond l’intéressé. Peu importe la technique, ce qui compte, c’est le sens. ». D’ailleurs, s’il a choisi à 20 ans de se former à la communication visuelle à l’institut Saint-Luc de Tournai, en Belgique, c’était autant pour la double formation de photographe et de graphiste, que pour les cours théoriques qui y étaient dispensés (sémiologie, philosophie…), matières trop rares dans les formations ’’pratiques’’ en France à l’époque.

Deux angles, deux points de vue. Photographiée sous deux angles différents, cette statue illustre bien le propos de l’artiste sur l’importance du point de vue. De face ou de dos. son geste théâtral peut donner lieu à bien des interprétations. L’irruption d’un pigeon sur sa tête ajoutant en outre un aspect plutôt cocasse.}


Son cheval de bataille, c’est la perception visuelle, thème qui inspire son troisième livre en préparation aux éditions publié chez regards & impressions). Ainsi a-t-il arpenté pendant vingt-cinq ans le jardin des Tuileries, à Paris, s’attardant tout particulièrement sur les statues qu’il photographie sous de nombreux angles. « Chaque image est un point de vue en soi. tant sur le plan physique qu’intellectuel, explique-t-il. Selon l’endroit où l’on se place et la façon dont on la photographie, une mère serrant son enfant donnera l’impression qu’elle le protège ou au contraire qu’elle l’étouffe. ». Il a montré certains de ces étonnants clichés à une personne travaillant depuis plusieurs années aux Tuileries qui n’a pas reconnu le jardin « un beau compliment ». Hervé Bernard a pour projet d’extraire de ces vingt-cinq ans de photos un livre. un film banc-titre et une exposition. trois modes de communication qui offriront là encore trois points de vue sur un même travail, mêlant photos originales et montages. Si la création d’images fabrique du sens, elle soutient parfois aussi un discours. A travers ses oeuvres, dont certaines ont été achetées par des musées français, l’artiste se montre préoccupé de la façon dont l’homme maltraite sa planète, les paysages urbains l’inspirent, tout comme la sécheresse, les inondations ou la pollution.

Fervent admirateur de Bosch ou de Vermeer, il aime les reflets. la transparence, la disparition des perspectives qui permet d’imaginer cet homme, invisible mais bien présent par les traces qu’il laisse : « Une image, c’est avant tout un sujet et une lumière. » Son autre passion, ce sont les nouvelles technologies. Au milieu des années quatre-vingt lors du grand virage du numérique, le programmeur qui le forme le met en garde : « Mieux vaut continuer à exploiter des outils même imparfaits qu’essayer d’en développer de nouveaux, faute de quoi tu te retrouveras informaticien plutôt qu’artiste ! »

Pendant la décennie suivante, Hervé Bernard va cependant vivre avec bonheur une période d’innovations : il ne rate aucun salon Imagina ou Siggraph, participe au lancement de Photoshop 3.0, pilote des tests pour de nouvelles caméras haute définition Thomson ou Sony, effectue des reportages en jonglant entre numérique et analogique - l’homme est également journaliste.

«  L’intérêt du numérique, c’est de posséder une maîtrise aussi grande de la couleur que celle que l’on peut obtenir en argentique pour le noir et blanc : dominantes, saturation, contraste, tout se règle le plus précisément et le plus librement possible. ».Parfois, trop rarement à son goût, il ajoute même une quatrième corde à son arc, se faisant vidéaste pour mettre en images un concert de jazz de Déborah Seffer et Thierry Maillard ou réaliser un clip sur L’homme et la mer de Charles Baudelaire. Ou, comme en 2001, lorsqu’il produit et dirige l’étalonnage du court métrage en cinémascope L’histoire de Pierre et le fou de Thomas Noryrnberg. présenté l’année suivante au Festival de Cannes. Une autre façon de faire parler les images.

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