« Mon père est un spécialiste des questions de sécurité. Il dit que l’usage des “leurres” est purement psychologique : si tu crois que les hommes avec une moustache grise te surveillent , ton cerveau cherchera de façon inconsciente des types de ce genre et écartera tous ceux qui ne présentent pas cette caractéristique. Ensuite, tu es convaincue qu’il s’agit d’une paranoïa, tu baisses la garde et d’autres détails étranges ne retiennent pas autant ton attention. Et, pendant ce temps, les vrais espions se régalent avec toi. » [1]
Les publicitaires ont recours aussi à des leurres mais, avec un objectif inverse. Ainsi, une partie du budget des campagnes publicitaires est destiné à conforter l’acheteur dans la justesse de son achat. Ainsi, si vous venez d’acheter une nouvelle paire de chaussures, l’affichage dans le métro va accroître votre propension à chercher dans la rue les chaussures que vous venez d’acquérir. En constatant que ces chaussures sont achetées par d’autres personnes, l’acheteur se trouve conforté dans son choix qu’il ne regrette pas car, si d’autres ont acheté, ce produit, c’est qu’il est de qualité. Convaincu d’avoir fait le bon choix, il sera un préconisateur efficace.
Quant aux magiciens, ils nous conduisent, à l’aide de leurres, à regarder ailleurs. Ainsi, une amie magicienne a passé une soirée à me faire des tours et des détours, m’expliquant qu’elle ne se souvenait plus comment faire les tours, hésitantes, faisant des poses... Au bout du second tour de magie, l’intuition me vint que toutes ces pauses étaient là pour me déconcentrer, distraire, et mon cerveau et mon regard. « Parce ce qui diffère brise la familiarité en nous, déconstruit nos certitudes et par là nous jette hors de nos égocentres, vers l’inexploré. Là où il nous faut inventer, prendre un étage de plus : grandir en un mot ! » [2]
Capter notre attention est essentiel. Dans quel but est la question :
– pour la brouiller,
– la conduire à agir selon les désirs du capteur...