Regard sur l’image

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- L’invention du théâtre

,  par Hervé BERNARD dit RVB

« J’ai décidé que mélange est un mot-clé. Mieux que suggestion qui est unilatéral. Il explique ce dont on parle rarement, parce que nous nous définissons comme des corps isolés, clos, qui se heurtent les uns aux autres mais restent fermés. Descartes se trompait. Ce n’est pas : je pense donc je suis. C’est : Je suis parce que tu es. Ça, c’est Hegel, version brève,
— Un peu trop brève, dis-je.
D’un geste de la main, Violet écarta ma remarque.
‘’ Ce qui compte, c’est que nous nous mélangeons sans cesse aux autres. Parfois, c’est normal et c’est bien, parfois c’et dangereux. La leçon de piano n’est qu’un exemple évident de ce qui paraît dangereux. Bill se mêle à ses peintures. Les écrivains le font dans leurs livres. Nous le faisons tous, tout le temps. ’’ » [1]

Les Mariés
© Hervé Bernard 2016

En lisant cela, je ne peux m’empêcher de lier ce texte, même si chronologiquement, c’est faux, à cet extrait de La fille de Sparte de Juliette Tournand [2] :
« C’est lui (Eschyle) qui a osé un deuxième personnage sur scène, créant au spectacle le dialogue, ressort dramatique par excellence, et, partant, le mouvement l’action. Il faut dès lors une mise en scène et des costumes. Eschyle les invente. Enfin, sur sa lancée, il introduit au théâtre le décor peint et, en ingénieur la machinerie de théâtre. Une révolution durable depuis plus de vingt-cinq siècles. »

Siri Hustvedt explique la nécessité de l’innovation d’Eschyle : qui est, elle-même, une mise en image de la nécessité de se mélanger. C’est cette nécessité qui nous met en marche. Nous sommes que mélange et la séparation nous tue à petit feu. Ce mélange, c’est l’être ensemble. Le troupeau, c’est la confusion.