« [L’homme] est soumis à toute les lois de l’univers, celles de la pesanteur, celles de la chimie, de la symétrie, que sais-je encore ? Pourquoi supposer a priori que prétendre retrouver ailleurs les propriétés de sa nature, ou inversement retrouver en lui les lois qu’on constate régir les autres espèces, est nécessairement manie, illusion ou mirage ? Toutes les chances sont plutôt du côté de la continuité. Il me paraît que, si ce n’est anthropomorphisme, c’est encore anthropomorphisme que d’exclure l’homme de l’univers et que le soustraire à la législation commune. Anthropocentrisme négatif, mais tout aussi pernicieux que l’autre, celui qui le plaçait au foyer du monde et qui rapportait tout à lui. Deux effets, du même orgueil. »
Roger Caillois, Courtes note sur l’anthropocentrisme, Méduse et Cie, Gallimard, 1960, p 20, cité par Didier Semin dans Guiseppe Penone, rédemption de la racine, Revue Jardins n°10, 2021