La photographie : illusion ou allusion du réel
L’image photographique donne l’illusion d’être le réel alors qu’elle n’est qu’une allusion au réel, allusion par analogie ce qui est très loin du réel. L’analogie comme son étymologie l’indique n’est pas le réel. Le mot latin analogia : rapport conformité et issu d’un mot grec qui signifie proportion mathématique puis par affaiblissement du sens correspondance. Il y a loin de la correspondance à la copie.
L’image photographique ou non, c’est aussi de l’invisible mais pas au sens de Blow-Up, plutôt dans le sens où l’image non contente d’arrêter le mouvement arrête aussi le regard. Arrêt qui provoque l’apparition de l’antenne de télévision que nous avions réussi à éviter en passant rapidement dessus car nous pensons qu’elle perturbe la beauté de la scène ou plus simplement parce qu’elle n’appartient pas à nos centres d’intérêts.
Le danger de cette définition de la photographie comme art mécanique, c’est qu’elle valorise presque immédiatement le discours que l’on construit autour : la photographie serait une pratique simple qui se comprend instantanément. Or, comme le montre les études de parcours du regard, quelque soit le type d’images, ce que nous croyons instantané nous prend au minimum plusieurs secondes.
« Il y aurait d’un côté l’univers des mots celui du verbe, de la pensée, de la création littéraire précisément ou de l’information ; de l’autre, il y aurait des images, du rêve, de l’émotion, de la séduction et/ou de la manipulation médiatique. », [1] une vision manichéenne de la pensée humaine qui fait de l’image, la victime de ce regard sur le monde.