Regard sur l’image

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- La puissance de l’image V2

,  par Hervé BERNARD dit RVB

La puissance de l’image serait tel qu’elle pourrait précéder l’existence de ce qu’elle représente et ici peu importe que cette image soit picturale ou verbale. L’histoire de l’art nous l’a démontré à plusieurs reprises.

Ainsi, La Mort en direct (1979) le film de Bertrand Tavernier trouve aujourd’hui sa concrétisation dans le choix de Rob Spence de se faire greffer une caméra dans son orbite pour remplacer un œil aveugle. Auparavant, le sous-marin de Jules Verne ou le voyage de la terre à la lune ont d’abord été des images avant d’être une réalité. Il en est de même de l’invention du visiocasque par Ray Bradburry dans L’Homme de l’espace (publié en 1951). Ici, à cette invention de l’objet, s’ajoute la prédiction quasi exacte de sa naissance : 1997. De fait, à quelques mois près, le visiocasque apparaît à cette date. Toute aussi surprenante est l’annonce par Stendhal de la date de la reconnaissance de son œuvre. Il affirma, que celle-ci se fera au tout début du XXe siècle, là aussi sa prédiction fut exacte...

De manière plus anecdotique, l’une des premières bandes dessinées de Hergé nous narre l’histoire d’un homme d’affaire qui mange ses repas servis sur un tapis roulant. Aujourd’hui, la chaîne de restaurant Planet Sushi a osé le faire avec cependant, une différence essentielle, ce ne sont pas les grands dirigeants de ce monde qui se font livrer leur repas sur un tapis roulant mais les employés qui payent pour ce service réduit. Le point commun entre toutes ces images est d’être l’image d’une image mentale, c’est-à-dire une projection de la pensée dans le monde réel.

© Hergé

La force de cette projection, l’homme l’a démontrée à plusieurs reprises, au cours de son histoire. Cette projection qui constitue la dynamique de la vie, cette nécessité d’aller de l’avant l’interroge aujourd’hui avec une vivacité sans pareil. En effet, nous sommes non seulement conscients de cette puissance. Chose déjà arrivé à l’homme au cours de son histoire mais, cette fois, la conscience de cette puissance est associée à la conscience cette puissance en provoquant notre disparition pourrait devenir l’impuissance totale.

Conscience qui nous place dans une position quasi unique : l’obligation de constater que la puissance de deux images : eros et thanatos ne gère pas seulement la vie de chacun d’entre nous mais aussi celle de notre espèce. « Toutes les civilisations sont mortelles » ne concerne plus seulement l’une ou l’autre des civilisations terrestres, cette phrase concerne aujourd’hui l’intégralité de la civilisation humaine. Qu’en ferons-nous ?

En guise d’épilogue
« Sans les poètes, sans les artistes, les hommes s’ennuieraient vite de la monotonie naturelles. L’idée sublime qu’ils ont de l’univers retomberait avec une vitesse vertigineuse. L’ordre qui paraît dans la nature et qui n’est qu’un effet de l’art s’évanouirait aussitôt. Tout se déferait dans le chaos. Plus de saisons, plus de civilisations, plus de pensée, plus d’humanité, plus de vie même et l’impuissante obscurité régnerait à jamais.
Les poètes et les artistes déterminent de concert la figure de leur époque et docilement l’avenir se range à leur avis. » [1]

© Hervé Bernard

PS : Nous sommes en 2013 et maintenant nous savons avec certitude que non seulement toutes les civilisations sont mortelles mais, pour la première fois, dans l’histoire de l’humanité, nous sommes entrain de comprendre que l’homme pourrait se détruire lui-même non dans la folie d’une guerre mondiale mais dans la folie de nos insatiables besoins. Fukushima, les manipulations génétiques, entre autres choses, sont là pour l’affirmer ce ne sont pas les dieux qui seront la cause de la fin de l’humanité, c’est l’homme, tout seul, « comme un grand. »

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