« Cela n’a aucun sens de se défendre contre les images. Elles vont et viennent et plus je me défends contre elles, plus elles deviennent macabres. » [1]
Macabre : Danse théâtrale du Moyen Âge, probablement d’inspiration religieuse, représentant la Mort entraînant tour à tour dans une ronde funèbre des personnes de toutes conditions. [...] métonymie, composition artistique figurant ou évoquant cette danse. [...] Qui est relatif à la mort ou aux morts. [2]
Pour Marlen Haushoffer, l’image serait-elle un palliatif à l’absence et liée à une vision de l’image comme comme remède de l’absence. Peut-être que l’un des acquis de cette période de confinement sera de nous faire comprendre que, pas plus que l’image est une copie du réel, celle-ci n’est un palliatif à l’absence d’un paysage, d’objets ou encore d’un être cher. Quelque soit son pouvoir d’appeau à réel (cf Regard sur l’image), contrairement à l’appeau des chasseurs, l’image n’attirera jamais un canard ou un aigle et aucune image d’un canard ne vous nourrira. Son seul pouvoir est d’évoquer la beauté d’un vol de canard ou d’aigle. Et en cette période, on a besoin de voir des vols de canards et d’aigles. Certes les images de canard ou d’aigles évoquent plein de sentiments, d’émotion mais ce ne sont pas des canards. Si l’image est macabre c’est peut-être dans cette impossibilité à être une copie du réel qui interdit à l’image d’être un truchement, un remède à l’absence mais lui permet plein d’autres choses comme stimulant de notre imagination.
Cependant, pour Marlen Haushoffer, « L’imagination rend vulnérable et vous met à la merci de tout. Peut-être est-elle un signe de dégénérescence. Jamais je n’ai reproché à un être humain son manque d’imagination, je l’aurais plutôt envié d’en manquer. Il menait une vie plus simple et plus agréable que les autres. » [3] Il est vrai qu’une imagination qui ne se réalise pas, qui ne se concrétise pas provoque des sentiments macabres.