– Partager signifie à la fois se réunir autour de quelque chose ou de quelqu’un pour faire quelque chose en commun : manger, boire, parler... mais aussi diviser ou séparer.
De fait, pour manger ou boire ensemble, il faut diviser les provisions. De même, pour établir une conversation, il faut partager le temps de parole. Est-ce à dire que dans toute action en commun sommeillerait les prémisses d’une division potentielle du groupe pour ne pas dire d’une explosion possible ? Cette division est toujours latente car, à chaque instant, l’équité (supposé ou réel) de ce partage peut-être remise en cause. Ce qui provoquera la scission, la rupture ou l’explosion. Cette explosion latente révèle l’importance du bouc émissaire, autre image, qui, si cette remise en question de l’équité de ce partage surgit, servira à canaliser la colère sur une personne, un animal ou un objet étranger au groupe. Si toutefois, ce bouc émissaire appartient au groupe, sa perte éventuel sera imaginée comme non fatale à la survie du groupe. Ce qui n’interdit pas que lors du passage à l’acte, cette perte se révèle bien plus lourde qu’imaginée.
– La nue propriété, terme juridique qui indique que vous avez la propriété de quelque chose sans avoir la jouissance est une image claire de la situation du nu-propriétaire. En effet, celui-ci peut se retrouver SDF malgré cette propriété dont il ne peut rien tirer. Il est nu comme un ver de terre même s’il est nu propriétaire d’une maison.
– « Il y a un endroit sur terre où l’on ne peut plus aller ; c’est Tchernobyl. » Jacques Faye sur Terre TV, on ne peut faire une image plus claire de ce sinistre mot dont l’étymologie nous rappelle qu’il donne la mort ou qu’il accompagne la mort. Quant au lieu sinistre, c’est un lieu de mort, un lieu où la mort a frappé. Dire de Tchernobyl que c’est un lieu sinistre est donc l’image par exellence de ce lieu.
– À propos de la première page de la nouvelle maquette de Libération, j’ai entendu, à la suite de ses premières publications, une expression qui confirme que le mot est image. En l’occurence, image de notre vision du monde. En effet, une personne m’a parlé de la page d’accueil au lieu d’utiliser les termes de première page ou de couverture. ce lapsus montre combien Internet et son langage voient leur prégnance croître.
– Quant à l’expression « se porter comme un charme », elle n’a rien à voir avec la sorcellerie et les incantations. Elle renvoie à l’arbre utilisé en charpenterie et en menuiserie pour faire des étals de boucher, des maillets ou des manches d’outils et réputé pour sa solidité. Le charme d’Amérique s’appelle d’ailleurs le "bois de fer" (Ironwood).
– Enfin, pour finir cette rubrique avec une autre histoire de nos amis anglophones, la girouette est une bite météorologique (weathercock) et l’on ne dit pas plus ou moins égale mais égale ou moins. Il est vrai que nul ne peut plus ou moins être égale à la Reine ou au Roi, quelque soit la personne, elle ne peut, au pire ou au mieux, selon le point de vue, qu’être égale au monarque.
© Hervé Bernard 2009,
Source des définitions : Dictionnaire de la langue française développé par le CNRS