Au-delà des décisions politiques, nous avons tous une responsabilité écologique individuelle. Par conséquent nous avons tous une marge d’action individuelle et comme l’effet papillon nous le rappelle, ce pouvoir est bien plus fort que nous voulons le croire.
Les thématiques de l’environnement, de l’urbanisme, du réchauffement climatique et particulièrement celle de l’eau, toutes situées au cœur de l’Anthropocène [1] me sont chères. Choisir un média, c’est aussi choisir un point de vue sur un sujet, c’est pourquoi j’ai opté pour une création pluridisciplinaire. Mes images ne reproduisent pas le réel, elles le recréent, plongent dans ses racines, anticipent son évolution pour faire surgir à notre conscience en l’inventant un monde qui est le nôtre. Les frontières entre l’image-reportage et la création visuelle sont abolies pour susciter en nous une nouvelle perception du monde.
La Nature ne sait pas ce qu’est un déchet car tout ce qu’elle produit est transformé. Or nous avons rompu ce cycle en produisant des déchets inassimilables par la nature provoquant ainsi un immense déséquilibre. Il est donc vital d’avoir de réinventer ce cycle, de le reboucler. Je souhaite nous sensibiliser afin que, chacun d’entre nous, nous modifiions nos habitudes du quotidien pour un rééquilibrage de l’environnement.
Dans cette optique, j’ai entrepris, depuis 1993, la réalisation d’un projet en plusieurs volets intitulée L’Écume de la Terre. C’est un travail sur l’avenir de la terre composé de photographies de reportage et de photographies construites autour de la terre photographiée par satellite ainsi que d’autres photomontages : je présente un ensemble d’images qui montre les deux directions de notre interaction avec notre résidence afin d’éveiller notre attention, sans pour autant déclencher un sentiment d’impuissance et de frustration qui n’engendrerait qu’inaction. à ces images viennent s’adjoindre plusieurs vidéos. Un extrait de ce travail a déjà été présenté dans le cadre du 6e Forum Mondial de l’Eau à Marseille en 2012.
Parallèlement à ce travail, j’ai entrepris une autre série : Et si c’était vrai.... /If it was true... . Un projet sur le réchauffement climatique et les villes face à la montée des eaux, qu’elles soient côtières ou non. Actuellement, Paris et Amsterdam sont réalisés et ce travail a notamment été exposé au Centre Culturel Français d’Amsterdam (Maison Descartes) et je souhaite poursuivre ce travail sur Varsovie, Tainam, Berlin, Rome, Lisbonne....
Quant à mes trente ans de photographie sur le Jardin des Tuileries, ils nous parlent d’un jardin situé aux prémisses de l’Anthropocène, une ère marquée par un accroissement de l’influence humaine sur la biosphère au point de devenir une force géologique et de provoquer ce passage de l’Holocène à l’Anthropocène. Ces photos montrent à l’échelle du Jardin des Tuileries l’importance de cette influence humaine. Ces trente ans de photographie ont notamment donné naissance à un film intitulé Empreintes notamment présenté au Short Film Corner du Festival de Cannes 2015 et intégré depuis aux collections du Forum des Images.
Avec L’innocent des Halles, mon prochain court-métrage, je continue cette recherche sur les relations de l’homme et de son environnement. L’autre versant, si je puis dire, car en fait, la séparation est beaucoup moins franche, est une réflexion sur l’image et son fonctionnement.