Regard sur l’image

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- Le mot est image (11)

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Entendu dans le métro : Il y a baleine sous gravillon, interjection adressée par une jeune femme à son interlocuteur téléphonique. En comprenant le sens de cette phrase m’est venu l’expression : Il y a anguille sous roche . Ce qui me permit de comprendre que ces deux expressions évoquaient la dissimulation, la première dissimulation étant plus grossière que la seconde. Ces deux métaphores fonctionnent sur le principe de l’opposiion entre la taille de l’objet dissimulateur et de l’animal dissimulé.

Sombrer dans l’allégresse , expression entendu lors d’un débat sur une nième reprise économique. Quelle belle image pour nous conseiller de ne pas nous faire d’illusion sur une éventuelle sortie de la crise !

Quant à l’avatar qui a repris du poil de la bête (quelle image !) grâce à la stéréoscopie, il désigne un ennui, un problème. Cependant son sens premier en faisait une incarnation du dieu Vichnou ou d’autres divinités de la religion hindoue. Ce qui lui permit ultérieurement de désigner un changement, une transformation ou une métamorphose d’une personne ou d’une chose qui en a déjà subi d’autres (physique, intellectuelle...). Ce n’est qu’au début du XXè siècle que l’avatar prend son sens actuel. Ce mot nous serait arrivé d’Inde par l’anglais et plus particulièrement par les Lettres de Paul à sa famille de W. Scott. Le mot anglais aurait donc suivi le même glissement. Ce qui nous amène à nous interroger sur le sens de ce mot dans le film de Cameron. Qui sont les Avatars de ce film ? Les habitants de Pandora qui découvrent la violence, la discipline, la technologie (...) ou les êtres humains qui sont expulsés de cette planètes. Et la transformation des habitants de Pandora est-elle positive ou négative ? [1]

Il est vrai qu’en français nous avons vraiment de la veine puisque ce mot désigne à la fois le filon d’or, un vaisseau sanguin, les vaisseaux des feuilles d’une plante et la chance sans oublier le bateau qui nous permit notamment de découvrir l’Amérique. Là où les anglais se contentent de lucky, ship (cela ne donne pas le même piment au voyage, partir sur un vaisseau ou living on ship), vascular.

Et en anglais,

See you around traduit par à la prochaine. Dans la première expression, on parle d’espace, dans la seconde, on parle de temps.

I know myself as the back of my hand, je me connais comme le fond de ma poche. Laquelle de ces deux expressions parle le mieux de nous-même : notre paume ou notre poche. En tout cas, la poche est un cul de sac.

Period en anglais correspond au point français. L’un parle de rythme, l’autre se dit final. La langue française serait-elle plus extrémiste que la langue anglaise ? Il est vrai que nous parlons de sens interdit ou l’anglais parle de one way (sens unique), de traffic-light (lumières du trafic routier) là où nous désignons le feu rouge qui est celui qui arrête et ne laisse jamais passer. En effet, nous ne parlons du feu vert presque uniquement quand il est vert au moment où on l’évoque.